mercredi, février 16, 2011

Veuillez rendre l'âme (à qui elle appartient)...

Légende : Pied de Niellucciu (42 HL/Ha)

RENDEMENT : du latin reddere, rendre, donner en retour ce qu'on doit, ce qu'on a promis, s'acquitter de.


Il est une tendance récente. Celle qui considère que la vigne doit très peu 'donner en retour'. Ainsi, s'enorgueillit -t-on de rendements de plus en plus minimalistes : 35hl/Ha?Bof.. Ah! 25hl/Ha : qui dit mieux? 10Hl/Ha : ça c'est la classe...! La mode est à la surenchère : vers le bas. Qui peut le moins peut le mieux!
Une mode, il faut l'avouer,  instillée par quelques journalistes et sommeliers. Mode à laquelle sont plus sensibles les 'récents' vignerons.  A la différence de leurs ainés, ceux-là ont la pression du temps qui passe trop peu vite, recherchent les signes de reconnaissance, tout particulièrement, parmi ceux qui font et défont les réputations de vignerons et des terroirs...  Y a t il donc une toute puissance de ceux qui parlent du vin sans le faire? Faire du vin, plutôt que le commenter... Voici le rêve inavoué de certains (il y en a qui 'font le pas' : Hervé Bizeul, ancien journaliste de la RVF...). D'où, parfois, une certaine tentation de vouloir influer sur la production...
Voici 2 deux 'brêves de comptoir' (qui m'ont personnellement amusée) collectées auprès de 2 vignerons insulaires dont la réputation n'est plus à faire :

"Vous savez quel votre problème, vous les jeunes? C'est la RVF! Elle vous ruine!  Un article élogieux et vous vous voyez déjà arrivés! Mais la route est longue..." (faire rouler les rrr en prononçant cette phrase...)
"Les journalistes? Moi, ce ne sont pas les journalistes qui me font vivre. Ce sont mes clients qui achètent mes vins depuis 30 ans"



Parker, parkerisation des vins (et des esprits). Ce seul exemple suffit à démontrer que des régions entières de production (le Bordelais, pour ne pas le citer) ont modifié des méthodes de vinification juste pour la "note" ultime (100/100). C'est le cas de la micro-oxygénation, dont on se rend compte qu'elle empêcherait les crûs bordelais de 'tenir' -comme ils l'ont toujours fait- dans la durée... Non? Sans blague? Car au dessus de la note 90 chez Parker, un vin inconnu décolle, et ses tarifs avec... Un vin "pignon sur rue" peut être mis à mal pour une mauvaise note (particulièrement sur le marché US...héhéhé...).

Force est de constater que Parker note peu la Bourgogne. Dis ne pas trouver ses vins à son goût. Dommage pour lui. Cela lui donnerait quelques base sur 'qu'est ce que le terroir?'. Car, dans le berceau du terroir, on reste droit dans ses bottes, qu'importe la note. Et on se fout de Parker comme de son premier batonnage. Les techniques de conduite et de vinification sont partie intégrante du terroir (le terroir n'est pas que le cépage et le sol...).

J'en reviens à mon premier propos : le rendement. Forts rendements=perte de typicité. C'est une évidence que j'énonce ici. Notez que je n'ai pas dit Forts rendements=mauvais vins. Car la technique permet de faire beaucoup de corrections sur des vins au départ imparfaits. Ce que je dis ici, c'est allez faire des grands rouges expressifs (qui 'terroitent') avec des rendements au delà du 45HL/Ha... Bon courage! Ou alors, il va falloir booster le vin, le lisser etc...par plein de techniques (gommage des tanins par des méthodes + ou - intrusives etc...).
Mais tomber dans l'autre extrême - soit la course au rendement ZERO - c'est aussi irresponsable qu'absurde! Irresponsable? Le 'but' du vigneron est -sommes toutes - de vivre de son activité. Scoop!!! Que vous fassiez du 5 HL/Ha ou du 40 HL/HA, vous avez les mêmes charges de conduite de la vigne! Reste l'option de 'monter' les prix de ses bouteilles...
 Absurde? Car quand une vigne offre des rendements infimes, c'est qu'elle n'est pas en très bonne santé! Pieds manquants, pression phytosanitaire etc... Peut-on raisonnablement souhaiter cela pour son vignoble?

Veillons à rendre l'âme à qui elle appartient...