dimanche, octobre 07, 2007

Millésime 2007 : premières sensations...

Photo ci-contre : grappe de Sciaccarellu la veille de sa vendange. Délicat, ce cépage flétrit legèrement à maturité (vignes à faible rendement...destinées à des vinification en rouge). Ici, nous sommes à bonne maturité phénolique. La maturité, en effet, ce n'est pas que le degré potentiel et l'acidité des raisins (on parle de maturité technologique) mais aussi la maturité des polyphénols (anthocyanes responsables de la couleur des baies et tanins). C'est la raison pour laquelle dès fin aout, nous dégustons régulièrement les baies et pépins des raisins : il faut bien mâchonner la peau des raisins, croquer les pépins, en observer la couleur... Si les tanins sont perçus comme trop astringents, trop 'verts'...le vin en sera le strict reflet...

Pour le vigneron indépendant, 80% de la partie se joue ici. Pour les vins élaborés par le négoce ou en cave coop', la technique peut pallier à beaucoup de défauts... qualité garantie quel que soit le millésime, le supplément d'âme en moins, toutefois!

Dimanche 7 octobre : Nous commençons à peine à reprendre notre souffle... Pourquoi? Raison très simple! C'est que loin de l'image d'Epinal (bucolisme, tradition, fête et Cie...) les vendanges et la vinification, c'est une période de stress, de doutes, d'efforts sans compter, des courbatures à revendre, des mains qui tachent et des ongles qui cassent...

Attention, ceci n'est vrai que pour les 'vigneron(ne)s'... ie ceux qui font eux même leur vin.
Par abus de langage, on désigne aujourd'hui par le terme de 'vigneron(ne)' l'artisan aux mains tâchées tout comme le 'boss' d'un Domaine (celui qui gère, dirige, ordonne, delègue) ou encore le propriétaire d'une bouteille pour laquelle 100% de la vinification est assurée par une entreprise de négoce voire, par une cave coop...

C'est en résumé la différence que l'on trouvera entre le travail d'un auteur-compositeur-interprète et d'un interprète.


Bref, si vous connaissez un 'vigneron' qui est disponible en soirée (voire à l'heure du déjeuner!)entre fin aout et mi-octobre et qui a des mains impeccables... vous êtes très certainement victime d'un abus de langage...!

Revenons à nos cuvons...
Alors ce millésime 2007?
Un millésime qui aura beaucoup fait parler de lui...
Tout d'abord, en avant-saison, tout le monde parlait de la précocité exceptionnelle du futur millésime... Ne jamais vendre le vin avant d'avoir eu le grain... L'été 'pourri' subi par la plupart de nos collègues vignerons (du bordelais à la Bourgogne) a rebattu les cartes.

En Corse, on a tour à tour entendu parler de 'précocité record', 'sécheresse de 2003', 'millésime du siècle' etc... Bien. A présent que la vendange est en cuve, les vinifications bien avancées... qu'en est -il vraiment? En ce qui concerne notre terroir, il y avait en effet 'précocité' mais guère plus, au final que l'an dernier. Les grosses chaleurs de la dernière quinzaine d'aout ont ralenti la maturation des raisins (la vigne se protège et limite son activité en cas d'agression thermique...). Nos vignes n'ont pour autant pas souffert du chaud, car bien préparées (et ce, depuis la plantation..qui a permis un enracinement très profond...). Malheureusement , je sens que la légalisation de l'irrigation en AOC est de plus en plus proche... Et vous savez ce que nous pensons, au Clos Fornelli, de l'impact de l'irrigation sur le Terroir (voir note plus bas). Comme dirait Antoine Arena : 'bientot nous mettrons sur nos bouteilles vin à base de raisin...'.

Nous pouvons même dire que nous avons pris notre temps cette année (pas d'orages au programme en septembre). Pris le temps d'étaler nos rentrées de vendange par cépage et par parcelle, en ayant obtenu la maturité phénolique idéale dans chaque cas...sans toutefois avoir vu le mustimètre exploser à la lecture des degrés potentiels (j'ai discuté avec des collègues de Balagne qui disent avoir rentré des raisins avec des degrés qui ont donné des vins compris entre 15 et 17% vol...!) Rien de tout cela chez nous : la cuve la plus haute en degré alcoolique est à 14°5.. Un millésime sur le fil et en EQUILIBRE...voilà ce que nous pouvons en dire aujourd'hui.

Voilà ce que j'en dirai pour ce soir (demain, on décuve!)
Je reprendrai un peu plus tard le fil de ce récit,
A bientôt

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